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Tour du monde en 10 pochettes d'albums cultes

Houses of the Holy – Led Zeppelin – Chaussée des Géants (Bushmills, Irlande du Nord)
Formidable formation volcanique des côtes de l’Irlande du Nord, située à quelques kilomètres de la petite ville de Bushmills dans le comté d’Antrim, la Chaussée des Géants est un lieu de légende. Un site façonné par mère nature, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986 consistant en une spectaculaire succession de prismes de lave refroidie plongeant dans la mer froide en face des côtes écossaises.
Son nom provient d’une légende affirmant que jadis, deux géants ennemis, l’un irlandais et l’autre écossais, se sont livrés une bataille sur un chemin façonné par des rochers jetés par le géant irlandais. Malgré tout, ce dernier, en voyant que son adversaire était beaucoup plus grand, prit peur et se réfugia chez lui.
Suivi de près par le géant écossais, il décida alors de se déguiser en bébé, avec la complicité de son épouse. Et c’est en voyant que le nourrisson présentait des dimensions hors normes, pensant alors que son père devait être encore plus énorme, que le géant écossais prit peur et s’enfuit.

Si aujourd’hui la légende est toujours racontée aux visiteurs, la Chaussée des Géants est aussi connue pour figurer sur la pochette de Houses of the Holy, le cinquième album studio du groupe britannique Led Zeppelin.
Si dans un premier temps, Jimmy Page, le guitariste virtuose du combo propose une création de Storm Thogerson représentant une raquette de tennis, la maison de disques voit les choses autrement. Le groupe n’est pas convaincu.
À tel point que la sortie de l’album prend un retard considérable. Pourtant, Jimmy Page n’a pas gain de cause. Une séance photo est organisée à la Chaussée des Géants. Stefan Gates et sa sœur Samantha, alors enfants, posent sur les prismes volcaniques pour une composition s’inspirant des Enfants d’Icare, le roman d’Arthur C. Clarke.
À sa sortie dans les bacs, House of the Holy est un succès. Sa pochette, sujette à moult débats, est même nommée au Grammy Awards en 1974. Et si elle dût s’incliner devant l’artwork de Tommy de The Who, elle est tout de même restée dans la légende.

Animals – Pink Floyd – Battersea Power Station (Londres, Angleterre)
À son ouverture en 1933, la centrale électrique au charbon de Battersea est l’une des plus importantes de toute l’Angleterre. En 1935, elle est équipée du plus grand turbo-alternateur à vapeur d’Europe.
Dessinée par Giles Gilbert Scott, également à l’œuvre sur la centrale de Southwark, depuis transformée en Tate Modern, la Battersea Power Station ferme ses portes en 1983, prête à entrer dans l’histoire. Une centrale depuis entièrement rénovée, comprenant désormais un hôtel de luxe, des logements et un centre commercial. La centrale de Battersea a, par ailleurs, figuré dans de nombreux films, des Fils de l’Homme à Nanny McPhee et le Big Bang.

Pink Floyd vient de boucler l’enregistrement d’Animals, son dixième album studio, quand le collectif Hipgnosis commence à travailler sur la pochette. Partenaire de choix du combo, Hipgnosis fait plusieurs propositions mais aucune ne parvient à séduire les musiciens.
Finalement, le visuel parfait est trouvé quand Roger Waters imagine un concept étonnant. Voisin de la Battersea Power Station, il demande à l’artiste australien Jeffrey Shaw de concevoir un dirigeable en forme de cochon qu’il fait ensuite accrocher à l’une des cheminées de la centrale. Le 2 décembre 1976, le cochon est mis en place, prêt à être “mitraillé” par onze photographes et huit cinéastes. Un sniper est également en poste pour tirer sur le ballon en cas de problème. Malheureusement, le mauvais temps oblige l’équipe à reporter le shooting.
Le lendemain, le manager de Pink Floyd organise une nouvelle session mais oublie de prévenir le tireur d’élite. Le ballon ne tarde pas à se détacher et s’envole dans le ciel en prenant la direction de l’aéroport de Londres-Heathrow. Plusieurs vols sont annulés pour des questions de sécurité avant que le ballon n’atterrisse dans une ferme du Kent. Récupéré, il reprend sa place et fait l’objet d’une troisième et ultime session.
Malgré tout, aucun des clichés ne convient et le groupe choisit d’utiliser une photo de la Battersea Power Station sur laquelle le cochon est simplement incrusté.
Le cochon ayant fait son retour à plusieurs reprises lors des tournées solo de Roger Waters, symbolisant son aversion pour Donald Trump et plus globalement pour exprimer ses opinions politiques sans équivoque.
Inspiré par le roman La Ferme des animaux de George Orwall, l’album Animals a été certifié quatre fois disque de platine. Il s’est écoulé à 6 531 000 copies dans le monde. Son visuel fait partie des plus iconiques du rock. Il a par ailleurs été repris dans le film Les Fils d’Homme, quand Clive Owen se dirige vers la centrale.

Hotel California – Eagles – Beverly Hills Hotel (Los Angeles, États-Unis)
Comme le Château Marmont, le Beverly Hills Hotel a accueilli nombre de stars depuis son ouverture le 12 mai 1912. Véritable monument de Sunset Boulevard, près de Rodeo Drive, dessiné par Elmer Grey, aujourd’hui détenu par le sultan de Brunei, cet établissement de luxe a commencé à écrire sa légende dans les années 1920, pendant l’âge d’or du cinéma muet, avec des stars comme Charlie Chaplin et Rudolph Valentino. Fermé pendant la Grande Dépression, il retrouve finalement les faveurs des têtes couronnées de la bourgeoisie d’Hollywood.
Marilyn Monroe, Yves Montand, Arthur Miller, Simone Signoret, John Wayne, Elizabeth Fonda et Henry Fonda fréquentent assidûment les chambres et le bar du Beverly Hills Hotel, tout comme Jackie et John Fitzgerald Kennedy, les Beatles, les Rolling Stones, puis Elton John, Jon Bon Jovi, Brad Pitt, Spike Lee, Cindy Crawford, James Caan ou encore Robert De Niro et Robin Williams.

Le Beverly Hills Hotel inspire Don Henley et Glenn Frey. Pour les musiciens, l’établissement symbolise la vie des célébrités à Hollywood. Don Henley décrit l’hôtel en tant que “centre de tout ce que Los Angeles représente”. Le morceau Hotel California symbolise la fin de l’innocence en racontant l’histoire de voyageurs bloqués dans un hôtel duquel il est impossible de s’enfuir.
Une chanson amenée à donner son nom à l’album dont la pochette est ornée d’une photo de l’hôtel en question, au moment du coucher du soleil. Une création de David Alexander et John Kosh ayant à n’en pas douté contribué à la popularité presque mystique du Beverly Hills Hotel pour un disque écoulé à 32 millions d’exemplaires.

(What’s The Story) Morning Glory ? – Oasis – Berwick Street (Londres, Angleterre)
Aménagée de 1687 à 1703, Berwick Street s’est développée autour de la maison publique Green Man, au numéro 57, et d’un marché du XVIIIe siècle figurant parmi les plus anciens de Londres.
Il est possible d’y trouver à la fois de la nourriture mais aussi des articles ménagers, des bijoux et des vêtements. Connue pour ses disquaires indépendants, ses pubs et autres restaurants typiquement britanniques, Berwick Street fourmille généralement du matin au soir.

C’est d’ailleurs notamment pour cette raison que Brian Cannon, le directeur artistique d’Oasis, en poste au moment de la sortie de l’album (What’s The Story) Morning Glory ?, a décidé de réaliser la photographie amenée à orner la pochette du disque à 5 heures du matin. Le seul moyen pour lui de capter la lumière idéale.
Représentant deux hommes, un deux de dos, Brian Cannon lui-même, et l’autre de face, Sean Rowley, un célèbre DJ, la photographie permet aussi d’apercevoir Owen Morris, le producteur du disque. Celui-ci se masque par ailleurs le visage avec le master de Morning Glory.

Troisième album le plus vendu de l’histoire de la musique au Royaume-Uni, avec 22 millions d’exemplaires écoulés, (What’s The Story) Morning Glory ? comprend le tube Wonderwall mais aussi Don’t Look Back in Anger, Roll With It, Some Might Say et Champagne Supernova.
Frank – Amy Winehouse – Princelet Street (Londres, Angleterre)
Premier album studio d’Amy Winehouse, Frank est publié pour la première fois le 20 octobre 2003. Si le public ne lui prête pas une grande attention, le succès massif de Back to Black, le second opus de la chanteuse de Camden lui offre une plus grande exposition.
Écoulé à 2 000 000 d’exemplaires, Frank est aussi célèbre pour sa pochette signée par le photographe amateur Charles Moriarty.
Alors qu’Amy Winehouse vient de finir l’enregistrement de Frank, la recherche de la pochette parfaite débute. Mécontente des photos tests, l’artiste rencontre Charles Moriarty par l’entremise d’un ami commun. À l’époque, Amy Winehouse est plutôt timide et ne se sent pas prête à poser, dans un studio, devant l’objectif du photographe.
Pour elle, la musique devrait se suffire à elle-même. Conscient de cet état de fait et désireux de ne pas brusquer les choses, Charles Moriarty choisit de fréquenter la chanteuse afin de mieux la connaître. Malgré tout, il ne se sépare jamais de son appareil photo.
C’est alors qu’ils se trouvent sur Princelet Street à Spitalfields qu’Amy Winehouse et Charles Moriarty croisent un homme en train de promener ses deux terriers écossais, attachés à une laisse aux motifs arc-en-ciel.
Séduite par les chiens, Amy Winehouse accepte de poser avec ces derniers, donnant ainsi naissance à la fameuse pochette de l’album. Par la suite, le duo s’envole pour New York où sont capturés les clichés amenés à se retrouver dans le livret.

Diesel and Dust – Midnight Oil – Burra (Australie)
Situé à 156 km au nord d’Adélaïde, sur la Barrier Highway, Burra est un village historiquement connu pour ses élevages. Principalement peuplé en premier lieu par des mineurs désireux d’exploiter les gisements de cuivre, la commune a lentement décliné avant de devenir un centre touristique important. Autour de Burra où se trouvent plusieurs fermes et autres bâtisses isolées.
L’une de ses bâtisses ayant servi d’illustration pour la pochette de l’album de Diesel and Dust de Midnight Oil.

Considéré comme le chef-d’œuvre du groupe, Diesel and Dust contient le hit Beds are Burning. La pochette quant à elle, signée par le photographe Ken Duncan, avec sa petite maison délabrée des années 1920, est devenue culte. Burra s’étant transformé en site de ralliement de tous les fans de Midnight Oil.
Ce plébiscite ayant même encouragé une levée de fonds afin de rénover la maison quand elle menaçait de s’écrouler sous le poids des années. L’artwork de Diesel and Dust a été récompensé par le prix de la meilleur pochette lors des ARIA Awards en 1988. Le magazine Rolling Stones l’a classé parmi les 100 meilleures pochettes d’albums de tous les temps.

Use Your Illusion I & II – Guns N’ Roses – Musées du Vatican (Rome, Italie)
Les origines de la pochette des deux albums Use Your Illusion remontent au XVIe siècle. Le pape Jules II rentre alors en fonction. Désireux de redécorer ses appartements, ce dernier charge le peintre Raphaël de réaliser une fresque. Ce dernier se met au travail en 1508 et achève son œuvre, intitulé L’École d’Athènes, en 1512. Représentant les figures majeures de la pensée antique, cette peinture est aujourd’hui exposée dans la Chambre de la Signature des musées du Vatican.
Ces musées, au nombre de douze, probablement les plus connus de Rome, rassemblent cinq galeries et mille quatre cents salles. Il s’agit de l’une des plus grandes collections d’art dans le monde. Les musées du Vatican comprennent notamment la célèbre chapelle Sixtine et sa spectaculaire fresque signée Michel-Ange.

Les pochettes des deux volets de Use Your Ilusion, l’une bleue et l’autre rouge orangé, mettent en valeur le scribe, ainsi que la personne située à sa droite.

C’est à Axl Rose que les Guns N’ Roses doivent cette illustration. Ce dernier ayant remarqué la peinture lors d’une visite des Musées du Vatican. Il a ensuite chargé l’artiste Mark Kostabi de légèrement retravailler la peinture pour lui donner une patine plus contemporaine et ainsi plus cohérente par rapport à l’imagerie rock and roll du combo.

Porcupine – Echo & the Bunnymen – Gullfoss (Islande)
Cascade en deux sauts de 21 mètres de haut, Gullfoss est l’un des sites naturels les plus spectaculaires de toute l’Islande. Elle est par ailleurs intégrée au fameux Cercle d’or, au sein duquel sont rassemblés tous les endroits les plus formidables du pays. L’hiver, les chutes d’eau prennent une toute autre dimension, dévorées par la glace et la neige. Une saison que les musiciens du groupe britannique Echo and the Bunnymen ont choisie pour capturer le visuel amené à orner la pochette du troisième album, Porcupine.

Authentique succès critique et commercial, Porcupine fait partie de l’ouvrage Les 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie, de Robert Dimery. Il contient les singles The Back of Love et The Cutter.

The Unforgettable Fire – U2 – Château de Moydrum (République d’Irlande)
Dévoré par la végétation, le château de Moydrum est sorti de terre en 1814. Dessiné par l’architecte Richard Morrison, embrassant le style Renaissance avec des accents gothiques, le château a longtemps été la propriété de la famille Handcock.
Ayant fait les frais des importantes tensions survenues dans les années 1920 en République d’Irlande, Moydrum est entièrement brûlé par l’IRA dans la nuit du 3 juillet 1921. Ce dernier représentant un symbole de l’autorité. Aujourd’hui “rénové” par la nature, à peine visible sous une épaisse couche de feuilles, le château de Moydrum est choisi par The Edge, le guitariste de U2.
Pour lui, l’édifice représente la fin d’une période. Capturé par le célèbre photographe Anton Corbijn, le château figure sur la pochette alors que le groupe pose devant sa façade. Au fil des années, l’artwork n’a jamais cessé d’énerver Bono. Ce dernier n’ayant jamais adopté ce visuel où il apparaît, selon lui inexplicablement, le bras levé.

Unforgettable Fire et ses nombreux tubes, dont l’inoxydable Pride (In the Name of Love) tournent d’ailleurs dans leur ensemble autour du patrimoine de l’Irlande. Un disque représentant un château, enregistré au Shane Castle et dont le dos de la pochette est illustré par le château de Carrigogunnel, un monument historique du comté de Limerick.

Lonerism – Tame Impala – Jardins du Luxembourg (Paris, France)
Créés sur demande de Marie de Médicis en 1612, les Jardins du Luxembourg habillent le palais du Luxembourg sur 23 hectares. Sacré plus beau jardin d’Europe, ce site exceptionnel trône dans le 6ème arrondissement de Paris où il attire tout autant les touristes que les locaux.
Si le palais est sa pièce maîtresse, il rassemble aussi plusieurs monuments comme le Petit Luxembourg, le musée du Luxembourg, l’orangerie, l’ancien hôtel de Vendôme et les serres, où s’épanouissent plus de 400 espèces d’orchidées. Plusieurs fois cités dans la littérature, dans Les Misérables, de Victor Hugo, Le diable au corps, de Raymond Radiguet, Sanctuaire, de William Faulkner, ou Les Mots, de Jean-Paul Sartre, utilisés en tant que lieu de tournage dans Les Trois Mousquetaires, Le Feu follet, À la merveille et Lupin, les jardins ont aussi inspiré les musiciens.

Les Jardins du Luxembourg figurent sur la pochette de Lonerism, le cinquième album du groupe australien Tame Impala. La pochette, plutôt originale, représente plus exactement l’une des grilles des jardins.
Acclamé par la critique, sacré au J Awards en 2012, Lonerism comporte les singles Elephant et Feels Like We Only Go Backwards.

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Par Gilles Rolland
Passionné de cinéma, de rock and roll, de séries TV et de littérature. Rédacteur de presse et auteur des livres Le Heavy Metal au cinéma, Paroles de fans Guns N' Roses, Paroles de fans Rammstein et Welcome to my Jungle : 100 albums rock et autres anecdotes dépareillées. Adore également voyager à la recherche des lieux les plus emblématiques de la pop culture.