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The Last of Us : du jeu vidéo à la série

D’un Bandicoot à un Claqueur, il n’y a qu’un pas
Fondé en 1984 par Andy Gavin et Jason Rubin, Naughty Dog – de son ancien nom JAM Software – est l’un des studios piliers de l’Histoire du jeu vidéo. Il est à l’origine de grandes sagas dont la trilogie Crash Bandicoot qui a par ailleurs permis un rachat de la structure par Playstation au début du millénaire.
Suite à cet évènement, le studio a perdu les droits de sa mascotte. De quoi encourager l’équipe à créer une nouvelle franchise, Jak and Daxter, destinée à la Playstation 2. Un nouveau succès ayant à son tour donné envie à l’entreprise de donner naissance à un nouveau jeu plus réaliste pour la Playstation 3, à savoir Uncharted.
Cette transition a permis à Naughty Dog d’explorer de nouveaux genres en s’inspirant des codes du cinéma hollywoodien.
Après le succès de Uncharted 2 : Among the Thief, Neil Druckmann – le lead game designer du jeu – s’est vu chargé de créer une nouvelle IP au sein du studio.
Depuis sa naissance, l’équipe de Naughty Dog ne s’est dédiée qu’à un seul projet à la fois. À la suite de la sortie du second opus d’Uncharted, elle fut scindée en deux. L’une s’est consacrée au développement de la suite d’Uncharted, et l’autre au futur projet porté par Bruce Straley, directeur du futur jeu et Neil Druckmann, promu directeur de la création.
L’idée du jeu en question est née durant les années universitaire de Neil Druckmann. À l’époque, il avait pensé à fusionner le gameplay du jeu Ico dans un univers post-apocalyptique, c’est à dire de créer un jeu où il s’agirait de contrôler un personnage accompagné d’un PNJ ayant un fort impact sur le gameplay et l’histoire.
Inspiré par la grossesse de sa compagne, Neil a imaginé The Last of Us comme une histoire de passage à l’adulte. Mettant en avant la relation entre Ellie, une jeune fille apprenant à survivre, et Joel, un homme marqué par la disparition de son enfant, The Last of Us met l’accent sur la résilience.
La relation entre Joel et Ellie est devenue le moteur de l’histoire. L’univers étant venu se greffer à eux deux. L’infection aux Cordyceps n’est arrivée que plus tard, après le visionnage d’un documentaire sur les champignons sur la chaîne BBC : Planet Earth.

Road trip apocalyptique
Afin d’impliquer émotionnellement le joueur, Neil Druckmann et ses équipes ont passé énormément de temps à créer un univers crédible :
“Nous avons passé beaucoup de temps à faire des recherches sur le monde et la maladie, et sur comment les institutions réagissent à une pandémie.”
Extrait de l’interview à Playstation Blog pour la sortie du jeu en 2013
Le choix des États-Unis fut une évidence car il permettait d’ancrer les différents arcs de l’histoire dans divers environnements connus du pays. Neil Druckmann désirait aussi développer la relation entre Ellie et Joel durant leur voyage.
2033. Le monde tel que nous le connaissons est infecté par le cordyceps, un champignon transformant les humains en créatures agressives. Joel, un survivant de la zone de quarantaine de Boston se voit confier une jeune fille, Ellie. Cette dernière est immunisée contre la maladie. Sa mission consiste à la conduire aux Lucioles – un groupe de rebelles – pour qu’ils l’étudient et créent un vaccin. Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu. Les événements obligeant Joël et Ellie à parcourir les États-Unis d’Est en Ouest à la recherche de ces fameuses Lucioles.
En plus de Boston, le joueur est amené à découvrir les villes d’Austin, Lincoln, Pittsburgh, Jackson et Salt Lake City.

Les reproductions de ces villes ne sont pas 100% fidèles à la réalité. Naughty Dog souhaitait en effet trouver un juste milieu en incluant de véritables monuments pour ancrer son histoire sans la dénaturer.
Alberta : un air américain
À sa sortie en 2013, The Last of Us fut un véritable succès critique et public. Dès l’année suivante, une adaptation sur grand écran a été envisagée. Cependant, ce n’est qu’en 2023, après plusieurs tentatives, qu’un projet concret a vu le jour, sous la forme d’une série TV co-produite par HBO.
C’est alors que les showrunners, Craig Mazin de la série Chernobyl et Neil Druckmann lui-même, ont du choisir les lieux de tournage. Jason Nolan, régisseur de la série, avait entendu parler de l’Alberta par le biais d’un dossier dans lequel la région proposait sa candidature. Très vite, Nolan a approuvé l’idée en raison de la diversité des environnements qu’offrait le territoire :
“L’histoire commence au Texas, puis va de Boston jusqu’au Wyoming. L’Alberta a les grandes villes, les petites villes, les prairies, les forêts, les montagnes, qui sont toutes présentées dans l’émission. Nous avons à peu près tous les environnements que vous pouvez imaginer autres que l’océan, donc je pense que c’était notre angle gagnant.”
Extrait d’une interview de Jason Nolan par MAclean’s
De véritables lieux de la région furent maquillés afin de correspondre au mieux aux environnements présents dans le jeu.
L’un des exemples les plus remarquables est le capitole de Boston. Il est un lieu important de l’intrigue puisqu’il s’agit point de rendez-vous de Joel, Tess et Ellie avec les Lucioles.
Ne pouvant utiliser le véritable Massachusetts States House à Boston, Nolan est ses équipes ont exploité l’édifice de l’Assemblé législative de l’Alberta pour les scènes extérieures et quelques scènes intérieures. Le résultat est très fidèle à l’œuvre originale.


Le capitole n’est pas le seul bâtiment de Boston à apparaître à l’écran dans le jeu et la série. Au cours de leur traversée de la ville vers leur point de rendez-vous, les héros doivent passer à travers les ruines du Bostonian Museum. Un musée inventé de toutes pièces à partir de véritables lieux. Pour la série, les équipes se sont créées elles-mêmes leur vision du musée en s’inspirant de deux musées de Boston, à savoir l’Old State House et le Faneuil Hall Marketplace.



Après avoir quitté Boston, le nouvel objectif de Joel et Ellie, avant de retrouver les Lucioles, est de retrouver Tommy, le frère de Joel. C’est ainsi que les joueurs et le public (dès l’épisode 6) découvrent un lieu ayant une grande importance dans l’histoire de The Last of Us : la colonie de Jackson.
Au fur et à mesure de l’histoire, le cadre de vie urbain dévasté laisse place petit à petit à un environnement naturel.
“Nous avions le désir de reconstituer les paysages du Midwest, avec une beauté naturelle et cette impression de se trouver littéralement au beau milieu de l’Amérique”.
Déclaration de John Piano, concepteur de la production, au micro de Los Angeles Times
Le jeu s’inspire réellement de la ville de Jackson Hole, connue pour son style architectural rappelant la conquête de l’Ouest. Malheureusement, pour les équipes de la série, il était impossible de tourner réellement dans cette ville à cause de sa forte activité touriste. Ils ont alors porté leur choix sur la ville de Canmore dans l’Alberta au Canada.


Dans l’ensemble, même si les équipes n’ont pu tourner dans les véritables lieux visités par le jeu – comme l’université du Colorado qui est en réalité le Southern Alberta Institute of Technology, ou bien la ville de Salt Lake City et son hôpital fictif, qui est représenté à l’écran par l’ancien Queen Elizabeth II à Grande Prairie – elles ont réalisé un véritable travail de reproduction des décors afin de respecter au mieux l’œuvre originale.




L’exportation du Cordyceps
En plus de nous raconter l’histoire de son jeu vidéo sur petit écran, la série The Last of Us a aussi permis à Neil Druckman d’approfondir le lore de son œuvre en nous racontant l’origine de l’apocalypse à travers des flashbacks.
Dès l’épisode 2, ce retour en arrière nous présente une scientifique déjeunant dans un restaurant indien de New Delhi, avant de se faire escorter par les autorités auprès du premier infecté.
Il s’agit de la première apparition d’un autre pays que les États-Unis dans une œuvre officielle de la licence. Ici, à nouveau, le tournage a eu lieu en Alberta et plus précisément dans la ville de Calgary.

La plus grande production du Canada
Vous l’aurez compris, la région de l’Alberta fut le cadre de tournage idéal pour cette série. Avec près de 100 millions de dollars répartis sur neuf épisodes, The Last of Us est d’ailleurs la plus grande production télévisuelle de l’histoire du Canada.
La saison 2 (probablement adaptée du second jeu), d’ore et déjà annoncée, devrait nous permettre de découvrir de nouveaux endroits. La région canadienne de l’Alberta ne semble donc pas encore prête à éradiquer le Cordyceps de ses terres…
Le conseil d'achat Fantrippers
Par Damien Biju
Passionné par le cinéma, les séries d'animations et les jeux vidéo, il rêve secrètement de voyager à travers le monde à la recherche des lieux les plus emblématiques de la pop culture à bord d'une Delorean.