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Rencontre avec Jean-Jacques Gernolle, chef décorateur sur Taxi 1 et 2

Film
Voitures, courses-poursuites, flingues, cascades à gogo… En vingt ans, la saga Taxi est devenue l’une des plus populaires de l’Hexagone, embrayée plus tard par les bolides US de Fast and Furious. L’occasion de rencontrer le chef décorateur Jean-Jacques Gernolle.
Rencontre avec Jean-Jacques Gernolle, chef décorateur sur Taxi 1 et 2
Rencontre avec Jean-Jacques Gernolle, chef décorateur sur Taxi 1 et 2 - Crédit photo : ARP Sélection, TF1 Films Production, Studiocanal, Cofimage 9 et Studio Images 4, EuropaCorp

Jean-Jacques Gernolle, quel a été l’objectif principal de ce premier volet, signé Gérard Pirès, qui a récolté plus de 6 millions d’entrées pour 53 millions de francs (env. 8 M€) en 1998 ?

Jean-Jacques Gernolle : Ce projet m’a été proposé un peu par hasard car je viens du cinéma d’auteur. à la lecture du scénario, je me suis dit : « c’est soit le plus gros flop du siècle, soit le plus génial ». Mais le concept de cette série B pour adolescents était nouveau à l’époque. L’objectif principal était de trouver les endroits. Luc Besson voulait les lieux mythiques de Paris. Les gens ne le savent pas mais Taxi avait été écrit pour la capitale. Les autorisations ont été compliquées à obtenir et le projet s’est arrêté. Le producteur a soumis l’idée de la province.

J’ai été séduit par la lumière et la multitude d’endroits incroyables à Marseille. Luc a donc réécrit le scénario. La Mairie de Marseille a donné son feu vert car c’était une ville encore méconnue du cinéma. Et voilà comment le film est devenu marseillais. Le scoop de cette histoire est qu’à la sortie du film, Luc a claironné partout qu’il l’avait écrit pour Marseille alors qu’en fait c’était par dépit et par défaut. J’ai pu en parler seulement en 2018 dans le cadre des 20 ans de la saga.

Comment s’est élaboré votre travail sur ce film d’action qui met à l’honneur la 406 ?

Main dans la main avec Rémy Julienne et les cascadeurs car on fabrique des éléments censés être invisibles et on travaille entièrement sur les voitures. On a eu la chance sur Taxi 1 et 2 d’avoir un partenaire comme Peugeot. Ils nous ont prêté plusieurs véhicules qu’on a préparés et repeints. La 406 est devenue mythique. La marque a augmenté ses ventes après la sortie du film, c’était marrant. On l’a customisée en voiture de course.

On en a utilisé au moins quatre : une 406, propre à l’intérieur et à l’extérieur, pour toutes les scènes où Samy Naceri rentre et sort ; une autre pour être filmée à l’extérieur avec vitres fumées, dédiée aux pilotes de course et de rallye ; une troisième équipée avec des projecteurs sur le toit ; et une dernière destinée pour les travellings. Gérard Pirès avait des idées très précises. C’est un spécialiste, il a fait beaucoup de publicités sur les voitures et tous ses amis sont d’anciens pilotes de course.

Quels ont été vos plus grands défis à relever ?

Tourner dans les avenues très passantes et les artères principales. On a filmé dans le Panier, composé de rues microbus, et sur la Corniche, un endroit emblématique. Ce fut compliqué car ce sont des lieux très prisés par les Marseillais et les touristes. On a également choisi le Port et le Ballon des Ours, petit port magnifique qui donne l’impression d’être en Grèce. Il y a eu aussi Ventabren.

C’est à la fin du film, lorsque les méchants Allemands se retrouvent coincés sur un bout du pont. à l’époque, le TGV était en construction à Marseille et le grand pont de Ventabren également. Il a fallu convaincre la SNCF et les constructeurs qu’il n’y aurait pas d’impact majeur. Nous avons eu recours au numérique, mais c’était très compliqué. Lorsque la voiture saute, elle atterrit sur le bout du pont en construction. Entre les deux, nous avons créé un trou pour que les Allemands en Mercedes se retrouvent sur ce bout de pont à 30 mètres de haut, isolés de tout. Un effet spécial totalement pompé sur Speed, avec Keanu Reeves et Sandra Bullock.

Et vos plus grandes interventions ?

Récréer l’appartement dans lequel habitait Samy. Il fallait comprendre ce personnage, malin, rusé, taxi man un peu je-m’en-foutiste, qui porte un maillot de l’équipe de foot et qui a une fiancée (Marion Cotillard). C’est à la fois une caricature du Marseillais et en dehors du monde réel ; un quasi personnage de bande dessinée. Nous avons trouvé un compromis pour son intérieur : un loft neutre, un peu branché, un peu laissé à l’abandon. Le tournage s’est déroulé à Paris, dans une petite impasse du 11e arrondissement. C’était une ancienne petite usine restée vide. Nous avons tout réaménagé et repeint pour en faire un loft marseillais. L’autre grande intervention était aussi le commissariat de police, qu’il soit à la fois original, cinématographique et réaliste. Nous avons choisi les anciens locaux du Monde à Ivry-sur-Seine.

Deux ans plus tard, Jean-Jacques Gernolle, vous rempilez pour Taxi 2 de Gérard Krawczyk, qui a comptabilisé 10, 3 millions d’entrées en France pur 10,7 M€. Quel a été le challenge dans cette nouvelle aventure située à Paris ?

Je connaissais Gérard Krawczyk. J’avais déjà travaillé avec lui. Le cahier des charges était un peu différent. Ce volet était davantage une comédie, un peu plus dingue, avec des méchants Japonais, des agents secrets, des ninjas. Besson est une grande star en Asie et a voulu élargir la cible au grand public et à l’international. Grâce au succès du premier, Mitsubishi a proposé spontanément de devenir les méchants. Dans Taxi 2, la voiture vole ; elle devient un petit ULM avec des ailes. Tout l’intérieur du tableau de bord devenait celui d’un avion. à l’époque, les effets spéciaux étaient conçus sur le plateau. Aujourd’hui, on ferait tout en numérique sur fond vert.

Les lieux mythiques envisagés à l’époque se sont-ils concrétisés ?

Oui. Nous avons pu tourner au pied de la Tour Eiffel, lors d’une course-poursuite avec les méchants qui sortent du métro, sur les Maréchaux, dans le XVIe arrondissement avec le chars d’assaut, et sous le fameux Pont de Bir-Hakeim qui présentait un empilement de voitures de flics. Dans cette scène, la voiture roule sur le pont, poursuivie par une trentaine de voitures de police. Avec Rémy Julienne, on s’est aperçu que les trottoirs étaient très hauts et la voiture devait faire un demi-tour. On a donc refait des pentes, qu’on a patinées, comme si c’était de la pierre et du bitume pour que la voiture puisse monter dessus. Il a fallu une semaine pour tout fabriquer, le pont faisait 400 mètres de long, pour une journée de tournage et une séquence de quelques minutes.

Quels sont vos projets, Jean-Jacques Gernolle ?

Rien à Paris (rire). Je travaille dans les studios de Martigues dans le sud, à 30 km de Marseille. Je fabrique des décors que les studios vont utiliser pour le petit écran. On y construit une grande prison sur deux étages, une morgue, un parloir, tous les décors qu’on trouve dans les séries françaises et les films policiers.

Article écrit par Nathalie Dassa.

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Par Fantrippers Rédaction

lundi 3 juin 2019

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