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Mission Impossible Fallout : dans les coulisses du plus important tournage jamais réalisé à Paris avec le producteur français

Film
Pour mettre à l’honneur la capitale parisienne dans Mission : Impossible - Fallout de Christopher McQuarrie, avec Tom Cruise, rien n’a été de tout repos.
Mission: Impossible - Fallout

Mission: Impossible – Fallout fut même un tournage éprouvant

Rencontre avec Raphaël Benoliel, cofondateur de Firstep, société de production française, et Antonin Depardieu, expert en repérage à Paris. Tous deux nous dévoilent la mise en place, les complications politiques et les anecdotes du tournage de Mission: Impossible – Fallout, au budget de 178 M$.

Vu l’ampleur de Mission: Impossible – Fallout, quel a été votre champ d’intervention en tant que producteur exécutif ?

Raphaël Benoliel : Pour ce type de projets, précisément des films d’action où il faut réussir des séquences jamais vues dans les opus précédents ou chez leurs homologues tels James Bond et Jason Bourne, la production et le chef décorateur travaillent en étroite collaboration. Christopher McQuarrie souhaitait dès le départ ancrer une partie de Mission: Impossible – Fallout à Paris. C’était un message socio-politique de sa part et de celle de Tom Cruise suite aux attentats du 13 novembre 2015. Antonin Depardieu, expert en repérage, et le chef décorateur américain se sont ainsi baladés dans les rues pendant des semaines pour trouver les lieux, sachant que nous n’avions pas de scénario.

Au-delà des emplacements stratégiques souhaités, le rôle d’Antonin est aussi de faire découvrir des endroits moins connus, comme le tunnel sous le quai de la Râpée qui mène au canal Saint-Martin. McQuarrie voulait l’Arc de Triomphe ; un souhait de bon nombre de réalisateurs mais constamment refusé. Notre champ d’intervention est donc de les accueillir, de dire « oui » à tout, mais aussi de les prévenir que des lieux seront impossibles. L’Arc de Triomphe et le survol de Paris sont un « non » systématique.

Cependant, on savait qu’à travers ce projet porteur en France, nous allions obtenir plus d’autorisations par rapport à d’autres films. C’est l’aboutissement de tout un travail et de la hausse du crédit d’impôt. Pour autant, Tom Cruise n’est pas la garantie des « oui ». C’est à partir de là que la production exécutive intervient ; on fabrique pour le compte de Paramount. Rien n’a été de tout repos, bien qu’au final nous avons eu le soutien absolu de la Mairie de Paris, de la préfecture de Police, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Culture, du Ministère des Armées et de Bercy.

Vous avez bénéficié de 25 M€ de budget, 36 jours tournage, 5000 techniciens français, 100 camions à garer et 250 personnes pour bloquer les accès au rond-point de l’étoile. Est-ce la première fois que vous monopolisez autant de lieux à Paris ?

RB : Je pense, mais je ne connais pas toute l’histoire du cinéma. à notre échelle, c’est la première fois. Les axes rouges, c’est-à-dire les axes totalement interdits aux tournages, comme l’Arc de Triomphe, sont une première en France.

Quels ont été ces problèmes politiques ?

RB : Après la réunion interministérielle en décembre 2016 au Ministère de la Culture, Mission Cinéma nous donne le go le 15 janvier et on prévoit de tourner en avril 2017. Quatre semaines avant le tournage, l’assistante du préfet nous appelle pour annoncer que ce ne sera pas possible, en exposant un problème de sécurité. Ce n’est pas normal de revenir sur une décision accordée. Je ne l’ai pas accepté. Au-delà d’un différend éventuel entre ma société et Paramount, le préfet allait surtout briser l’ouverture sur la scène internationale et les possibilités de rayonnement de la France. Accueillir un tournage de film ou les Jeux Olympiques, cela fait partie des grands événements qui ont de l’importance dans les retombées économiques d’un pays.

L’assistante du préfet m’a demandé de repousser, ce qui est impossible quand les dates sont fixées ; Mission: Impossible – Fallout se tournait également dans d‘autres pays. Mission Cinéma a tout gelé, sans se poser de question. J’ai contacté le Ministère de la Culture pour agir plus haut. Avec le recul, il s’agit davantage d’un problème politique que d’un problème réel ; nous étions dans le cadre des élections présidentielles.

La Maire de Paris n’est pas aimée et le préfet n’est pas non plus très apprécié. Depuis la Révolution française, ces deux entités ont un peu près le même pouvoir. à l’époque, la maire soutenait Benoît Hamon et le préfet, Emmanuel Macron. La maire a validé l’accueil du film sans en référer au préfet de façon officielle avec une annonce commune publiée dans la presse. Je pense qu’il s’est opposé au tournage pour cette raison. Personne ne le dira jamais, mais je le dis, c’est mon ressenti.

Comment avez-vous rebondi pour obtenir l’accord final ?

RB : À l’époque, le ministre de l’Intérieur avait défendu le crédit d’impôt quand il était président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale. Il comprenait l’intérêt évident d’un tournage de cette ampleur. Il nous a ainsi soutenus jusqu’à contredire son préfet ; ce qu’il ne peut pas faire d’un point de vue diplomatique. Ce courrier de refus ne devait donc pas paraître. On a rapidement compris qu’il s’agissait d’une querelle entre le préfet et la maire de Paris. Ce fut un jeu politique entre les différents ministères, la mairie et la préfecture. à 3 ou 2 semaines du tournage, tout le monde devait pourtant prendre conscience de l’importance de cet événement. Une réunion s’est fixée pour revoir le processus ; on s’attendait à ne pas tout obtenir. En réalité, j’étais confiant, voire aveuglement confiant.

J’en ai d’ailleurs jamais fait part à la production américaine. Je voulais éviter cette mauvaise image de la France et parvenir à faire ce qui est impossible dans d’autres pays. Il était important de réussir ce challenge ou on se dirigeait vers une catastrophe industrielle. On a fait jouer nos contacts et tous les pistons possibles pour que tout se termine en notre faveur. J’avais donc listé les lieux spécifiques, dont l’Arc de Triomphe que McQuarrie voulait dès le départ, en me doutant que ce serait le premier « non » qui tomberait.

Deux jours avant la réunion, nouveau coup dur. On se remet dans le cadre de l’élection présidentielle et du PenelopeGate : le scandale des emplois fictifs éclate. Le ministre de l’intérieur d’alors est accusé d’avoir employé sa fille et doit démissionner. Avec le ministre de la Culture, il était notre second principal soutien. Tout s’acharnait contre nous. Heureusement, la réunion s’est étonnamment bien passée. Tout a été accepté, même la prise de vue à l’Arc de Triomphe ; ils sont tombés amoureux de l’idée d’un plan « qui ne serait jamais vu, prévu dans la bande annonce et qui ferait le tour du monde ». Aujourd’hui, l’anecdote est marrante car d’une expérience totalement négative peut ressortir quelque chose de hautement positif.

Quelles ont été les scènes d’action de Mission: Impossible – Fallout les plus intenses à tourner ?

RB : Tout a été intense. Survoler Paris, l’hélicoptère sur Bercy, course-poursuite autour de l’Arc de Triomphe, ce sont des séquences qui n’ont jamais été faites. On a bloqué des rues et des avenues, de manière importante, tous les week-ends pendant 7 semaines. à chaque fois, on entreprenait quelque chose d’inédit. L’un des décors compliqués à mettre en place s’est passé dans l’enceinte du Grand Palais car au même moment il y a eu un attentat sur les Champs-élysées où un policier a trouvé la mort. 800 figurants se trouvaient à l’intérieur, avec plus de 400 techniciens. On a fermé les portes et on a continué le tournage. Personne n’était au courant car on ne voulait pas créer un mouvement de panique.

Antonin Depardieu : Autre défi dont vous a parlé brièvement Raphaël tout à l’heure, la scène en bateau sous le tunnel quai de la Râpée jusqu’au canal Saint-Martin qui fait quasiment 2 km de long. Il a fallu l’éclairer avec un système de huit électrogènes. La police maritime nous a confiés des hors-bords car on ne possède pas de bateaux aussi puissants pour la Seine, c’est inutile. On les a fait venir de Bretagne. Il faut savoir que les Anglais n’ont pas de permis bateau. En France, c’est obligatoire.

Il a fallu demander un arrêté préfectoral pour couper la circulation maritime sur la Seine pendant près de 2h pour qu’ils puissent naviguer avant d’entrer dans le canal. C’est la première fois que je coupais la circulation sur la Seine. C’est aussi la première fois qu’on faisait autant de neutralisations de stationnement. La Mairie a inauguré un arrêté municipal pour mentionner les tournages. Les automobilistes, qui ne respectaient pas l’interdiction de stationnement, ont dû récupérer leur véhicule à la fourrière et payer une amende. C’était une première à Paris. Les plaintes ont été nombreuses alors que nous n’y étions pour rien.

AD : Après avoir passé deux mois avec le chef décorateur pour sélectionner les lieux, j’ai géré toutes les équipes techniques et artistiques parisiennes et supervisé les fournisseurs. Au total, on comptabilise une dizaine de grands lieux emblématiques à Paris, comme l’Esplanade du Trocadéro. La course-poursuite entre Tom Cruise en moto, qui fait ses propres cascades, et un camion blindé a nécessité la fermeture de l’Arc de Triomphe et l’avenue de l’Opéra qui mène jusqu’à l’Opéra Garnier. On l’a tournée très vite entre 6 et 8h, avec 5 caméras, 60 cascadeurs roulants.

On a ensuite enchaîné sur l’Opéra car on avait l’autorisation de couper la circulation entre 8h et 14h. Parmi les anecdotes, il y a eu notamment celle du Conseil Constitutionnel au Palais-Royal. On souhaitait tourner dans l’un des corridors du jardin du Palais-Royal, côté constitutionnel, mais les employés ne désiraient pas être dérangés par la séquence en moto. Ce tournage devait durer 1h30, pas plus. On a été contraint de tourner dans le corridor, coté Ministère de la Culture. C’est bien français. L’anecdote de la Comédie-Française est ahurissante. Tom Cruise a voulu rajouter un plan à cet endroit, coté constitutionnel encore, car il trouvait jolies les colonnes de Buren. Le Secrétaire général de la Comédie-Française a donné son accord… pour 20 000 €. Le tournage de cette scène n’a duré qu’une heure et nous étions pourtant sur la voie publique mais Tom Cruise passait rapidement devant l’institution.

Article écrit par Nathalie Dassa.

Crédit photo : Paramount.

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Par Fantrippers Rédaction

vendredi 15 mars 2019

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