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Les Virées cinéma, un fabuleux voyage sur les lieux de tournage

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Plus connu sous le surnom du Fossoyeur de films, du nom de sa chaîne Youtube lancée en 2012 et comptant plus de 735.000 abonnés, François Theurel raconte le cinéma avec un ton unique, mêlant analyse pointue, humour pertinent et une narration accessible à tous. Titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication, ce spécialiste du 7e Art souhaite partager sa passion à travers les Virées cinéma, une série vidéo de grande qualité sur des lieux de tournage emblématiques à travers le monde. Un projet à soutenir absolument sur KissKissBankBank.

Comment sont nées les Virées cinéma ?

A la base, l’idée est venue avec le Captain du Nexus VI, l’autre chaîne Youtube dédiée à la science-fiction. En 2017, nous sommes partis ensemble en vacances en Espagne dans la province d’Almeria car quelques mois plus tôt, nous avions discuté des nombreux films tournés là-bas et notamment les westerns spaghettis, ceux de Sergio Leone… Je lui avais alors proposé que l’on prenne la voiture pour aller sur place retrouver un maximum de lieux de tournages, en prenant bien sûr ma caméra. Mon idée était simplement de filmer et d’en faire une vidéo pour ma chaîne s’il y avait suffisamment de matière. C’est ainsi qu’est née la première virée. Nous avons découvert énormément de lieux en couvrant une grande distance et le concept est venu sur place puisqu’à chaque fois, on reconnaissait l’endroit mais on se demandait pourquoi il nous apparaissait d’une manière différente qu’à l’écran. Par exemple, la plage où se déroule la fameuse scène d’Indiana Jones et la dernière croisade où Sean Connery fait s’envoler les oiseaux qui vont détruire un avion, est beaucoup plus espacée dans la réalité. A l’écran, elle apparaît étriquée pour signifier que les personnages sont pris au piège. L’idée c’était d’analyser de manière ludique comment on change un lieu à l’écran, comment on triche avec celui-ci et comment le langage du cinéma se fait. J’ai ensuite réalisé une deuxième virée début 2018 à Las Vegas lorsque la chaîne TCM Cinéma m’a proposé de faire quelque chose autour d’Ocean’s Eleven

Quel est le concept de la série ?

Il y a vraiment beaucoup de potentiel pour faire quelque chose qui ne se limite pas à aller sur place pour dire « c’est là », même si c’est ce que l’on fait sur certains lieux, mais d’avoir une réflexion plus globale sur le cinéma. On peut parler de manière un peu plus technique, un peu plus ludique et que chaque épisode soit thématisé autour d’une grande question de cinéma afin de faire découvrir chaque pays sous un angle plus particulier. J’avais vraiment envie de jouer sur plusieurs aspects différents en proposant quelque chose qui soit à la fois documentaire, que certaines scènes soient un peu fictionnées et que nous aussi on fasse de l’image en recréant certains plans en se demandant quelle focale a été utilisée, avec quelle technique ou quelle lumière… Tout cela permet d’écrire des épisodes homogènes et très dynamiques. C’est ce que nous avons fait avec mes bons amis de Pandora Creation pour lancer cela en 2019. Les quatre premiers épisodes ont été financés avec différentes aides, notamment du Centre National du Cinéma, de la région Provence Alpes Côte d’Azur et la Radio Télévision Suisse. Arte devait initialement en être également mais cela ne s’est pas fait pour différentes raisons et lorsque la chaîne s’est retirée du projet, nous avons souhaité nous en remettre au crowdfunding pour terminer cette saison devant compter au total huit épisodes.

« Je n’ai pas envie de tout décortiquer, je souhaite plutôt parvenir à montrer les coulisses tout en poursuivant notre rêve de cinéma avec une dimension un peu poétique. »

Vous faites découvrir de nombreuses choses à travers cette série. Qu’est-ce qui est le plus important à vos yeux ?

La découverte. Découvrir des lieux, des anecdotes, des manières de tricher. Je pense que tout le monde est conscient que le cinéma est un art de la triche pour créer une émotion bien réelle et cela me plaît de lever un peu le voile à ce sujet sans désacraliser les choses. Je n’ai pas envie de tout décortiquer, je souhaite plutôt parvenir à montrer les coulisses tout en poursuivant notre rêve de cinéma avec une dimension un peu poétique.

La première saison s’intéresse au Maghreb, l’Irlande, la Suisse, la Nouvelle-Zélande, l’Amazonie, la Louisiane, le Nord-Ouest des USA et Los Angeles. Comment s’est effectué le choix des destinations ?

Cela s’est surtout fait par coup de coeur. La Nouvelle-Zélande et le Maghreb s’imposaient en raison du grand nombre de films tournés sur place. J’aime en faire découvrir un grand nombre mais aussi avoir des figures de proue parlant à beaucoup de gens. Par exemple quand il y a Star Wars, Game of Thrones ou Le Seigneur des Anneaux, c’est tout de suite plus facile d’embarquer les gens et de leur faire découvrir des choses moins connues. Il y avait certaines grandes références dont j’avais envie de parler. Los Angeles sera la dernière Virée, car je suis intéressé pour savoir ce qu’est le cinéma aujourd’hui. Il a tellement changé que je suis bien incapable de répondre à cette question actuellement. Terminer donc à Hollywood et poser cette question dans la Mecque du cinéma peut être intéressant. Il y a aussi des pays pour lesquels on a davantage réfléchis. Par exemple, au début on était censés faire une virée en France, et la Radio Télévision Suisse est entrée dans la boucle en nous proposant de nous aider à condition que l’on consacre un épisode à la Suisse. On a donc décidé de remplacer la France par la Suisse. Le challenge me plaisait car il fallait trouver un angle sur un pays un peu moins vendeur pour les grosses productions mais ayant connu pourtant beaucoup de tournages. Au delà des clichés que l’on avait sur la Suisse, il fallait montrer ce qu’il y avait derrière. Tout cela s’est décidé en fonction des envies et inspirations. J’avais différentes thématiques dont j’avais envie de parler comme, par exemple, la magie et le cinéma. Cela me parle énormément et je lui ai d’ailleurs dédié un autre format qui s’appelle Camera Obscura

Et pour l’Amazonie ?

Je pense que c’est mon côté fan de Werner Herzog. On va cependant voir, pour la deuxième partie de la saison, on va peut-être changer certaines destinations. Cela se fait aussi en fonction des disponibilités des invités, des autorisations, de ce qui est possible ou non. Cela va peut-être évoluer. L’Amazonie possède ce côté aventurier. Lorsque l’on vit et travaille dans un environnement aussi dur, comment cela imprègne-t-il les images tournées sur place ? J’ai très envie d’en faire l’expérience. On va voir comment on va tourner cela. J’ai une petite idée et si cela fonctionne, je serais très content.

Selon les destinations, vous êtes accompagné de PV Nova, Mathieu Pradalet (French Food Porn), Alt236, Flore Maquin, Le Captain de Nexus VI, Aude GG, l’équipe de Chroma. Pourquoi était-il important pour vous d’avoir un invité différent sur chaque épisode ?

Le rapport que l’on a avec le cinéma et les lieux est très intime, mais c’est aussi avant tout une expérience collective. Je trouvais donc intéressant de mener une narration selon ma perspective, mais j’aimais l’idée d’avoir aussi celle de quelqu’un d’autre qui peut avoir un regard différent sur les lieux et possède ses propres souvenirs de cinéma, avec une culture différente de la mienne sur certains points. J’aime l’idée que cela abreuve les virées et que chaque invité apporte son regard. Par exemple, sur la première virée au Maghreb, PV Nova fait un encart sur la musique du désert et apporte un éclairage que je n’aurais pas donné moi-même. L’idée c’est vraiment d’avoir un regard complémentaire à chaque fois pour donner à chaque destination une teinte particulière.

Souhaitez-vous vous concentrer uniquement sur les grands films ou pensez-vous évoquer également des oeuvres plus intimistes ?

Ce n’est pas une question de grands ou de petits, mais plutôt de qu’est-ce qu’un lieu a à dire. Il faut qu’il soit intéressant visuellement et qu’il raconte des choses. Il y a plein de films très intéressants mais il n’y aura pas forcément beaucoup d’éléments à dire sur les endroits où ils ont été tournés. Il y a aussi un aspect arbitraire sur le fait que certains lieux me parlent davantage et je serais davantage disert à leurs sujets. C’est aussi pour cela que j’aime avoir un autre regard car cela apporte une autre grille de lecture et m’amène sur des terrains que je n’aurais pas exploré si j’avais été seul.

La première saison va compter huit épisodes. Envisagez-vous qu’il y en ait une seconde ?

Pour l’instant on ne sait pas. On aimerait bien sûr aller plus loin mais on va commencer par aller au bout de la première saison et voir ensuite ce qu’il en est.

Comment travaillez-vous, à la fois en amont et sur place ?

Il y a beaucoup de préparation. D’abord logistique pour repérer les lieux, les choisir, obtenir les autorisations, voir comment on s’y rend. Il y a aussi un aspect thématique puisque je pars sur une idée assez précise. Par exemple pour la Suisse cela me semblait bien d’avoir l’envers de la carte postale. Mais l’idée c’est aussi de faire en fonction des surprises sur place. J’espère vraiment en avoir pour que la vidéo puisse s’en abreuver en se frottant à la réalité du lieu. C’est une fois que le tournage est terminé que je peux écrire un script avec ma voix off en me basant sur les entretiens et découvertes effectués sur place. Ce n’est pas évident, c’est un autre exercice d’écriture par rapport à ce que je fais d’habitude, mais c’est très intéressant.

Comment trouvez-vous les informations sur les lieux ?

J’essaye de glaner l’info là où elle se trouve. Je n’ai pas de formule consacrée, je fais comme je peux. L’essentiel se trouve sur internet mais il faut faire attention car beaucoup de choses circulent et il y a parfois de fausses informations. Globalement j’essaye de m’adapter à chaque virée. Des fois, il y a un challenge très intéressant. Par exemple le spot où Werner Herzog a fait tirer le bateau sur la colline en Amazonie dans Fitzcarraldo, ce n’est pas évident à trouver. J’y suis parvenu et j’aime bien galérer un petit peu, cela donne une sensation particulière. On se dit que l’on mérite d’y aller tellement on en a bavé pour le trouver.

Et cela ne s’arrête pas là, parfois sur place il reste une dernière difficulté à surmonter : trouver le bon angle de prise de vue pour être fidèle à la caméra…

Exactement. Cela nous est arrivé dans la première virée avec le Captain du Nexus VI à Alméria. On a retrouvé le mont dans Conan le Barbare

Ce côté chasse au trésor donne souvent un petit frisson bien particulier…

Tout à fait. Les lieux possédant les souvenirs les plus importants sont toujours ceux que l’on a eu le plus de mal à trouver. Il y a alors un côté intime. Dans l’épisode sur le Maghreb, lorsque l’on trouve l’igloo de la famille Skywalker

Vous évoquez également sur place les problématiques rencontrées lors du tournage, faisant ainsi passer le spectateur de l’autre côté de l’écran…

Complètement. On idéalise souvent le cinéma mais des fois il y a des considérations auxquelles on ne pense pas. Par exemple nous étions récemment en Nouvelle-Zélande et nous sommes allés à Elephant Rocks, qui est une sorte de plaine avec énormément de rochers incroyables et où ont été tournés des films épiques, mais c’est constellé de crottes de moutons ! Rien que ce genre de choses est très marrant à voir car on imagine l’équipe du film se dépêcher deux semaines avant le tournage de la scène pour pelleter des crottes de moutons.

Parmi toutes les destinations que vous avez visité, un endroit incarne-t-il davantage que les autres La terre de cinéma ?

De l’extérieur, je dirais la Nouvelle-Zélande et c’est justement l’un des axes de la vidéo que je suis en train d’écrire. Mais dans la manière où je l’ai ressenti, le Maghreb c’était quand même quelque chose. C’était aussi la première fois, il y avait de la fraîcheur et on a vraiment vécu une aventure. Ce n’est pas la terre de cinéma au sens où c’est la plus aménagée pour accueillir beaucoup de tournages, mais dans l’imaginaire qu’elle charrie, à commencer par Star Wars, Le Patient anglais et tous ces films ayant compté pour énormément de gens, là il y avait quelque chose. Mais je ne suis pas objectif car le désert me fait des choses.

« On veut mener ce projet avec une véritable qualité audiovisuelle. »

On en revient au rapport intime que vous évoquiez…

Exactement. Par exemple, lorsque l’on va à Hobbiton en Nouvelle-Zélande, où le village a été conservé après le tournage du Hobbit, c’est sympa à voir mais il n’y a pas du tout de rapport intime car les visites sont à la chaîne. Donc retrouver des choses bien plus modestes, mais que l’on a eu davantage de mal à trouver et sur lesquelles on se retrouve seul, cela possède une saveur inégalable.

Que pensez-vous du ciné tourisme ?

Il s’agit d’une forme de tourisme comme une autre. Je suis étonné qu’elle ne se soit pas développée davantage plus tôt mais c’est vrai qu’elle s’est popularisée avec internet. Je pense qu’il y a aussi une forme d’incompréhension à son sujet pour des gens car ce n’est pas aussi légitime pour certains que d’aller dans un musée, mais cela se démocratise de plus en plus donc c’est bien. C’est une grille de lecture différente. On le dit à la fin de l’épisode sur l’Irlande car cela permet de découvrir les lieux grâce à une perspective et on n’y serait probablement jamais venu sans cela.

Vous avez franchit le premier palier de votre campagne de crowdfunding. Il s’agit d’une satisfaction car effectuer un travail de qualité demande des moyens mais c’est important désormais de réussir à aller plus loin…

Chaque nouvel euro permet de mieux financer les gens travaillant sur ce projet. On veut mener ce projet avec une véritable qualité audiovisuelle. Internet est encore dans l’entre deux et certains nous on dit que c’était possible de faire cela pour moins cher. C’est vrai si tout le monde travaille gratuitement mais nous avons envie de rémunérer tout le monde comme il se doit et à hauteur du travail fourni. C’est un format forcément cher, que l’on veut faire au mieux. Quoi qu’il arrive, on fera au mieux avec ce que l’on a mais si les gens peuvent aider, cela nous aidera énormément.

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L'avis de Fantrippers
Qualité du contenu

Intérêt pour les fans

Rapport qualité/prix

Par Anthony Thibault

mercredi 18 mars 2020

From the "Casimir generation", Anthony has kept (in addition to a passion for Goldorak) a taste for inventive images, experimentation and curiosity. Passionate about travel and pop culture, he co-founded Fantrippers with Nicolas Albert to share his passion with as many people as possible.

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