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Le prisonnier : une série de confinement ?

Série
N6, confiné malgré lui

Créée par George Markstein, ancien agent des services secrets britanniques et écrivain et Patrick McGoohan, acteur, la série fut diffusée en 1967 sur ITV en Grande Bretagne puis l’année suivante en France sur la deuxième chaîne.

Comme le montre le générique du Prisonnier, le début de la série se déroule à Londres. Les spectateurs découvrent un homme dans une Lotus Seven se rendant dans les locaux du MI6. Il est énervé et lance une lettre sur le bureau de son supérieur. A l’intérieur, sa démission des services de contre-espionnage. Le parking dans lequel Patrick McGoohan entre est celui du Q-Park Westminister, comme nous l’avions mentionné dans notre Guide Fantrippers Londres.

Il se rend alors chez lui, au 1 Buckingham Palace, afin de préparer sa valise et partir en vacances. Il n’a pas le temps de boucler ses bagages qu’il est drogué par un gaz anesthésiant puis se réveille dans une mystérieuse chambre d’hôtel. Il tente alors de comprendre ce qu’il fait là et part inspecter les lieux. Du haut du clocher de l’église, il découvre qu’il se trouve dans un village.

Il essaie ensuite de téléphoner à la police mais l’indicatif des lieux n’existe pas. Il demande alors un taxi pour sortir de la ville mais il ne peut pas. Il est enfermé dans le Village. Par la suite, il se rend dans une boutique pour acheter une carte de la cité. étonnamment, celle-ci n’indique rien à part « la mer » et « les montagnes » entourant la ville.

Par la suite, il est invité dans la maison de N°2. Il y est accueilli par un homme mystérieux qui lui offre à manger. Ce dernier a un dossier de photographies sur l’ancien espion. Des hommes haut-placés aimeraient d’ailleurs savoir pourquoi il a démissionné du MI6.

Plus tard, avec N°2, ils survolent le Village à bord d’un hélicoptère. Le prisonnier découvre alors le bâtiment du Conseil suprême, dont les membres seraient élus démocratiquement. Il est alors renommé en N°6 par N°2. Il est furieux et explique qu’il n’est pas qu’un numéro mais un homme libre.

La série repose donc sur les tentatives du prisonnier de fuir le Village et de trouver des alliés pour cela.

Portmeirion, le Village confiné

Pour tourner la série, George Markstein et Patrick McGoohan ont choisi la ville de Portmeirion au Pays de Galles. Situé non loin du parc national de Snowdonia et de l’estuaire de Portmadog, le cité germa dans la tête de Clough Williams-Ellis. Cet architecte consacra 50 ans de sa vie, entre 1925 et 1978, pour créer le « village idéal ». Pour cela, le milliardaire excentrique voulait recréer Portofino, une ville italienne près de Gênes.

Les constructions de style baroque tranchent avec celles de cette période. Tout est rococo, influencé même par les habitats méditerranéens. Les bâtiments arborent des couleurs pastel, proches de celles des crèmes glacées. Les colonnades se mêlent aux dômes et aux balcons tous plus fantaisistes les uns que les autres. L’unique hôtel est de style victorien tandis que la Bridge House possède des colonnes doriques. Quant à la Cliff House, elle arbore un trompe l’oeil sur sa façade. Un petit cimetière canin rivalise même avec un bateau en pierre sur la plage ou des jardins subtropicaux. Tout est fou à Portmeirion.

Pourtant, tout est encore parfaitement reconnaissable. Les fans de la série peuvent facilement se rendre dans le bâtiment du Conseil suprême, au Dôme la maison de N°2, à Prior’s Lodging la maison de N°8, sur la pelouse centrale ayant accueilli la célèbre partie d’échecs à taille humaine ou encore dans la demeure de N°6 aujourd’hui transformée en boutique de souvenirs. Patrick McGoohan y est partout, sur des tee-shirts ou des jeux de cartes.

Le « Village » s’étend sur une surface de 30 hectares mais n’a pas vraiment d’habitants, juste des salariés pouvant accueillir les touristes.

Le prisonnier, une série hymne à la liberté

A l’époque, Le prisonnier détonne dans la production des séries. Sa mise en scène surréaliste et son ambiance « guerre froide » font d’elle une dystopie à suspense très addictive.

Rover -la boule blanche étouffant toute velléité d’évasion-, les statues munies de caméras ou les annonces radio incessantes, toutes ses oppressions sont à rapprocher de 1984, le roman de George Orwell mais également de Fahrenheit 451, le livre de Ray Bradbury. Quant à la condition de N°6, elle peut aussi faire penser à celle du mythe de Sisyphe ou l’éternel recommencement. Plus proche de nous, The Truman Show, le film réalisé par Peter Weir en 1998 peut aussi y faire penser. Jim Carrey se retrouve depuis sa naissance dans un décor et dans une histoire préétablis à des fins scientifiques.

Pourquoi, aujourd’hui, les confinés se ruent-ils sur cette série pour la visionner ? Le prisonnier est un hymne à la liberté, celle qu’actuellement nous pouvons ne plus réellement exercer. Série allégorique par excellence, elle se fonde sur plusieurs concepts philosophiques. En premier lieu, elle tente de faire reconnaître l’individu en tant que tel et non en tant qu’élément remplaçable dans une communauté. N°6 serait soit même, tandis que le Village représenterait la Société.

Dans The Prisoner, l’individu est manipulé, surveillé et opprimé. Il est gavé de sous-culture et de loisirs populaires inintéressants. Il est aussi abreuvé de sons à la radio qu’il ne peut pas éteindre. Il doit aussi rire et applaudir sur demande. La démocratie et la liberté sont donc fantoches dans le Village. L’ennemi ne serait pas N°1 mais plutôt la société, l’administration et la technocratie.

Quant à N°6, il rêve d’y échapper mais n’y parvient pas. Il veut néanmoins pouvoir de temps en temps s’isoler et s’exprimer comme un individu et non comme un tout.

Dans le Village, il y a des Allemands, des Russes, des Français et des Anglais soumis et résignés. Ils sont aussi à mettre en opposition à la volonté de liberté de N°6.

Le prisonnier, une série très pop

En seulement 17 épisodes de 52 minutes, Le prisonnier est devenu une série culte. Elle exerça une influence très forte sur les programmes télévisés dans les années suivantes, mais aussi dans la littérature de science-fiction et dans la culture populaire en général. Ainsi, les séries Lost et Twin Peaks furent marquées par The Prisoner.

Tous les ans, la Six of One Society regroupe les fans de la série pour une convention à Portmeirion, le PortmeiriCon. On y rejoue des scènes cultes, notamment celle de la partie d’échecs à taille humaine. La cité abrite aussi N°6, un festival de musique tous les ans en septembre.

The Prisoner a connu un remake en 2009 de six épisodes. Intitulée de la même manière, cette adaptation américaine fut réalisée par Nick Hurran. Diffusée sur AMC, son casting était composé de Jim Caviezel interprétant N°6 et Ian McKellen, N°2. Malgré cela, la série n’a pas rencontré son public.

La véritable suite au Prisonnier fut déclinée en bande dessinée. Le comics The Prisoner: Shattered Visage fut réalisé par Mark Askwith et Dean Motter. Edité par DC Comics, il fut publié sous forme d’épisodes entre 1988 et 1989. Le contrat exigeait que Patrick McGoohan valide chaque page.

Dans le domaine musical, Le prisonnier eut aussi les honneurs de chansons. Ainsi, The Clash utilisa la musique de son générique créée par Ron Gainer dans son titre The Prisoner. Iron Maiden interprèta un morceau du même nom sur son album The Number of the Beast en 1982. Deux ans plus tard, le groupe imagina Back in the Village, un autre hommage à la série sur son album Powerslave.

Dans des séries télévisées, le personnage de Patrick McGoohan eut aussi une influence. Ainsi l’épisode 6 de la saison 12 des Simpsons est une parodie de la série. Une boule blanche poursuit Marge, tandis que l’acteur prête sa voix au N°6.

Chapeau melon et bottes de cuir rend aussi hommage au Prisonnier dans l’épisode étrange Hôtel dans sa saison 6 par une parodie où Tara King est prisonnière dans un hôtel luxueux.

Loin d’être aussi poussiéreuse et datée que cela, la série Le prisonnier mérite que l’on s’y attarde en visionnant ses 17 épisodes. Cette période de confinement est idéale pour cela. Notre enfermement décuple ce sentiment éprouvé par N°6.

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L'avis de Fantrippers
Qualité du contenu

Intérêt pour les fans

Rapport qualité/prix

Par Anthony Thibault

mercredi 6 mai 2020

From the "Casimir generation", Anthony has kept (in addition to a passion for Goldorak) a taste for inventive images, experimentation and curiosity. Passionate about travel and pop culture, he co-founded Fantrippers with Nicolas Albert to share his passion with as many people as possible.

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