Article
Jean-Luc Godard en 5 lieux de tournage

Afin d’échapper aux policiers la poursuivant, Patricia (Jean Seberg) entre dans ce cinéma parisien. Avec son unique salle, sa programmation est axée sur des films américains interdits pendant l’Occupation allemande. Jean-Luc Godard n’a pas choisi ce cinéma par hasard pour tourner son film. Le réalisateur est assisté par Pierre Rissient, l’un des chefs de fil du courant des mac-mahoniens, dont l’esprit est de laisser plus de place à la mise en scène que le scénario. Cet établissement fut inauguré en 1938, il possède aujourd’hui une programmation Art et essai.

Pierrot le fou a non seulement marqué des générations entières de cinéphiles mais aussi, et à jamais, le paysage somptueux de la Calanque de la Treille sur l’île de Porquerolles. Anna Karina y prononce sa fameuse ritournelle « Qu’est ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire! ». Une réplique que l’actrice a totalement improvisé sur le tournage. Un jour, en pause, elle se met à jeter des cailloux dans l’eau, comme une enfant, et Jean-Luc Godard la regarde, fasciné. Cette scène, il trouve le moyen de l’inclure dans son film. Quant à la fameuse robe rayée, le cinéaste n’a pas fait appel à sa costumière de renom, Gitt Magrini, mais s’est simplement rendu au Prisunic et en a pris trois identiques. Une chance puisque lors d’une scène dans l’eau, la robe s’est mise à rétrécir en séchant devenant un débardeur. Un détail dont Anna Karina s’est souvenu en 2018. Le tournage de Pierrot le fou a duré seulement 44 jours.

Le Mépris aurait-il autant marqué le cinéma s’il avait été tourné ailleurs qu’à la villa Malaparte à Capri ? Une résidence surprenante pour un film mythique. Un bijou architectural planté en plein milieu d’un décor fantastique sur une falaise de Capri. Bien qu’elle soit très isolé et peu praticable, la maison attire les paparazzis par la simple présence de Brigitte Bardot. Jean-Luc Godard doit même en courser certains dans les rochers pour les faire fuir. Construite entre 1938 et 1943, la villa Malaparte a été conçue par l’architecte Adalberto Libera pour l’écrivain italien controversé Curzio Malaparte. Le Mépris a nécessité 32 jours de tournage, partagé entre les studios Cinecittà de Rome et la Villa Malaparte de Capri.

Madeleine Zimmer (Chantal Goya) est une jeune femme se rêvant en chanteuse populaire. Elle croise la route de croise la route de Paul (Jean-Pierre Léaud), 21 ans, garçon maladroit et timide, mais également son ami Robert (Michel Debord), homme engagé politiquement et très enthousiaste. Après Stockholm, les acteurs poursuivent le tournage de ce film réalisé sans scénario et dont les scènes sont parfois improvisées et les dialogues ciselés la veille, à Paris. On découvre notamment Madeleine sortant de La locomotive, une boîte de nuit au sous-sol du Moulin rouge, le célèbre cabaret de la capitale. La bande originale de Masculin féminin est donc interprétée par la chanteuse et écrite par son mari, Jean-Jacques Debout. Les six titres sont compilés par RCA Victor en 1966.

Au début d’Une femme est une femme, Angela Récamier (Anna Karina) entre dans ce café. Son appartement se situe juste au-dessus de cette brasserie. Cet établissement, comme son nom l’indique, est décoré de plusieurs portraits de Napoléon Bonaparte. Au cours du tournage, Anna Karina, l’interprète d’Angela, est réellement tombée enceinte, concrétisant ainsi son rôle. A l’époque, la comédienne est marié avec le réalisateur franco-suisse.