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Tour
“C’est quoi ce délire ?”
Assitan (Angèle Mac)
Le Fort d’Aubervilliers représente une opportunité en or pour le réalisateur scénariste Guillaume Nicloux. En effet, étant donné que l’action de son film se déroule entièrement dans une tour, le metteur en scène peut profiter d’un véritable immeuble, sans avoir à construire de toutes pièces des décors en studio. Néanmoins, quand il prend place dans ces lieux promis à une ambitieuse réhabilitation, Guillaume Nicloux doit reconstituer les appartements, qui en l’état, ne sont pas propices à un tournage en bonne et due forme.
Reconstitution apocalyptique
L’équipe du film investit totalement les lieux, en vase-clos. Au fil des étages, Guillaume Nicloux choisit une vingtaine d’appartements pour loger la trentaine de personnages principaux. Au début du film, ces derniers habitent dans des appartements classiques, qu’il faut décorer et meubler. Au fil de l’histoire néanmoins, alors qu’il semble clair que personne ne peut entrer ou sortir de l’immeuble, les appartements sont de plus en plus délabrés. Un changement que les décorateurs ont pu orchestrer là encore en toute liberté, en raison du caractère désaffecté de l’endroit.
Acteurs débutants
Afin de conférer un maximum de spontanéité à son long métrage, Guillaume Nicloux a souhaité travailler avec des acteurs inconnus du grand public, comme la jeune Angèle Mac. Il s’en expliquait au micro d’Allociné : “J’ai réalisé quatre films en cinq ans avec Depardieu, un film et une série avec Gaspard Ulliel. En très peu de temps, j’ai à la fois retrouvé un père cinéphilique et perdu un fils rêvé. D’un côté comme de l’autre cela laisse des traces indélébiles…«
« C’est pour cette raison que j’ai fait le documentaire Les Rois de l’arnaque… Comme une parenthèse… Avec Gaspard et Gérard nous avions besoin d’une pause afin de mieux nous retrouver. Alors j’ai enchaîné avec La Tour. Je souhaitais travailler avec des acteurs moins expérimentés et j’ai adoré inventer avec eux. Angèle Mac, qui interprète l’héroïne, a été une alliée formidable.«
Débuts dans l’horreur
La Tour a aussi permis à Guillaume Nicloux de réaliser pour la première fois un film d’horreur. Une belle occasion d’enfin rendre hommage à quelques-uns de ses modèles comme Tod Browning, James Whale, Friedrich Murnau, Jean Epstein ou encore Jacques Tourneur. La Tour reposant sur une idée à laquelle Guillaume Nicloux a pensé pendant le confinement. La Tour poussant le concept à l’extrême pour créer une série de situations encourageant tour à tour la tension et l’effroi. Il s’en expliquait à Allociné : “De façon totalement instinctive, j’ai puisé dans l’appréhension de l’enfermement et la résurgence d’une peur infantile, celle du noir total.”
Le rappeur Hatik est le seul acteur connu du casting de La Tour. Guillaume Nicloux ayant préféré travailler avec des comédiens moins expérimentés.
Fort d'Aubervilliers
Cette ancienne fortification, transformée en ensemble résidentiel, a fait l’objet d’un vaste projet d’aménagement au début des années 2020.
Le fort d’Aubervilliers sort de terre à Pantin en 1847 au terme de quatre années de travaux. Au fil des ans sujet à de nombreuses modifications, il est occupé par l’armée française jusqu’en 1973. Par la suite, l’emplacement du fort est récupéré par le Grand Paris. Quatre tours y sont construites, ainsi qu’un théâtre équestre, une gare routière, des jardins ou encore une gendarmerie. En 2022, les tours sont abandonnées et promises à la destruction, pour laisser la place à de nouveaux édifices plus modernes.
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Par Gilles Rolland
Passionné de cinéma, de rock and roll, de séries TV et de littérature. Rédacteur de presse et auteur des livres Le Heavy Metal au cinéma, Paroles de fans Guns N' Roses, Paroles de fans Rammstein et Welcome to my Jungle : 100 albums rock et autres anecdotes dépareillées. Adore également voyager à la recherche des lieux les plus emblématiques de la pop culture.