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L'abbaye de Ligugé

Roman L'oblat Joris-Karl Huysmans (1903)
Comme Durtal le héros de son roman L'oblat, Joris-Karl Huysmans devient oblat de la communauté des bénédictins de l'abbaye de Ligugé.
Abbaye de Ligugé (crédit Wiki Commons / Mairie de Ligugé)

« – Ils habitent là ; tenez, regardez par la fenêtre la longue rangée des croisées du monastère et le clocher de l’église ; vous ne tarderez point, au reste, à les connaître, car il est bien rare que l’un d’eux traverse le bourg sans passer par ici, pour me serrer la main ; ce sont de pieuses gens dont la fréquentation est un réconfort.

– Ils sont nombreux ?

– Un cinquantaine, y compris les novices et les convers. »

Madame Bavoil et Durtal, extrait du roman L’oblat de Joris-Karl Huysmans

Dans un contexte de réforme moderniste et avant la Loi de séparation des églises et de l’État d’Aristide Briand promulguée en 1905, Joris-Karl Huysmans publie L’oblat, un roman quasi autobiographique ayant pour décor l’abbaye bénédictine Saint-Martin de Ligugé.

Entre 1899 et 1901, ce romancier à l’oeuvre sulfureuse passe deux années dans la petite cité non loin de Poitiers. Comme il l’explique dans Là-bas et En route, il s’est converti au catholicisme quelques années auparavant pour rompre avec la veine naturaliste de son ami Émile Zola dont il a adopté les codes pour ses premiers écrits. Il met aussi de la distance avec les peintures impressionniste et symboliste qu’il a promu en tant que critique d’art.

À l’abbaye, il consulte, il apprend, il prie et il écrit. Mieux, il devient oblat, un serviteur laïc de communauté. S’il partage la journée des moines, il se retire dans sa Villa Notre-Dame construite exprès non loin de l’abbaye tous les soirs.

Son héros, Durtal, présent dans deux autres livres, devient ainsi oblat dans la congrégation des bénédictins. Ainsi, par son entremise, Joris-Karl Huysmans peut décrire avec précision leur vie. Il détaille les rites religieux mais également les peintures les cierges, les reliques et les jardins. Un roman à la portée historique de grande valeur. Durtal est aussi le spectateur de l’abandon de l’abbaye lors de la fuite des religieux en Belgique.

361

Saint Martin de Tours fonde l’abbaye de Ligugé en 361. C’est le plus ancien monastère de l’Occident chrétien encore en activité aujourd’hui.

Abbaye Saint-Martin de Ligugé

Fondée par Saint-Martin de Tours en 361, l’abbaye Saint-Martin de Ligugé, près de Poitiers, est le plus ancien établissement monastique d’Occident encore en activité.

Ce monastère suit la règle des Bénédictins et son édifice est protégé au titre des monuments historiques depuis 1846. L’abbaye Saint-Martin de Ligugé fut détruite lors de la Guerre de cent ans puis fut mise entre parenthèse lors de la Révolution française pendant laquelle les ordres religieux furent interdits. C’est à cette période que le prieuré est vendu à un aubergiste de Poitiers en 1793 puis racheté par un minotier dont la famille le garda jusqu’au milieux du XIXe siècle.

Après un changement de propriétaire, le cardinal Pie, évêque de Poitiers prend possession des lieux. Les moines font l’objet de plusieurs expulsions en 1880 puis en 1901. Refuge pour les résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, elle voit sa renommée franchir les frontières de la France grâce à son atelier d’émaillage dans lequel les frères émailleurs réalisent des œuvres à partir d’illustrations d’artistes comme Georges Braque ou Marc Chagall. Les moines produisent également des études en patrologie – études des Pères de l’Eglise – et en assyriologie.

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Soumission de Michel Houellebecq (Flammarion)

Soumission

Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s’engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l’enseignement, il s’attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu’à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve. Le talent de l’auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.

L'avis de Fantrippers
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Par Damien Canteau

mardi 17 mai 2022

Passionné par l'Histoire, les animés, les Arts et la bande dessinée en particulier, Damien est le rédacteur en chef du site spécialisé dans le 9e art, Comixtrip.

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